La prévention du risque alcool en entreprise

Confrontées à l’alcoolisation de certains de leurs salariés les entreprises ont rarement une politique clairement établie.

Déni, répression et laxisme, alternent sans qu’une approche sereine et rationnelle ne permette de structurer une véritable réponse conjuguant efficacité et humanité.

Notre conviction est qu’il est possible de professionnaliser une approche, substituant un management préventif au seul traitement disciplinaire des cas les plus avérés, ou à une inaction préjudiciable tant à l’entreprise qu’aux personnes elles-mêmes.

Nos interventions visent à permettre aux entreprises et à leurs partenaires de construire leur réponse à cette problématique dans le cadre d’une approche participative, impliquant direction, encadrement, services de santé au travail, partenaires sociaux, sans confusion des rôles. Concernant un sujet aussi délicat, notre action doit être encadrée par des principes clairs que nous souhaitons partager avec nos partenaires.

 

Principes généraux d'intervention

Une politique de santé fondée sur la modération, pas un plaidoyer pour l’abstinence

Nos interventions ne sont pas le fait de militants anti-alcool, mais de professionnels des ressources humaines et de la prévention des risques professionnels. Nous soutenons l’idée de consommation contrôlée par chacun pour lui même, pour parvenir à une finalité d’efficacité professionnelle et d’amélioration de la santé. Nous ne portons pas de jugement de type moral. Notre credo s’inspire de l’idée de précaution et non de celle d’abstinence. Il s’inscrit clairement dans une logique intégrant la prévention, le respect des personnes, le souci du bon fonctionnement de l’entreprise et de la prise en compte de ses responsabilités.

Transformer des réactions de défense isolées en actes de management clairs

Le management à tous niveaux ne peut savoir pas clairement comment se positionner :

  • Lorsque dans l’histoire de l’entreprise, le laxisme habillé aux couleurs de la prévention alterne avec la répression présentée comme responsabilité assumée,

  • Quand la mémoire collective conserve le souvenir de certaines situations critiques,

  • Si des « sauveteurs solitaires » auto-proclamés croyant pouvoir porter seuls détresses individuelles et exigences d’entreprise renforcent par leurs échecs avoués ou non, la conviction collective que « c’est dramatique, il n’y a rien à faire».

  • Alors que des réactions disciplinaires urgentes donnent parfois le sentiment d’avoir « fait ce qu’il fallait, bien obligé » confortent ainsi l’idée de fatalité.

Toutes ces réactions parcellaires et isolées sont contreproductives. Pour en sortir il faut parvenir enfin à en parler ensemble, à lever les tabous.

Une approche participative sans confusion des rôles

L’encadrement n’est pas le seul concerné par ce problème, il devra apprendre à assumer son rôle dans le respect des missions d’autres acteurs dont le concours lui est par ailleurs indispensable.

Obtenir le concours d’acteurs comme le médecin du travail ou les représentants du personnel est aussi primordial que délicat.

Le seul moyen d’y parvenir est que chacun sache et accepte que les autres aient des exigences et des contraintes différentes. Loin d’être une faiblesse ceci constitue une force : il est impossible d’agir seul. C’est l’acceptation des points de vue et rôles différents qui permettront de créer le climat favorable à la prévention.

Une clarification des rôles

La définition de la mission de l’encadrement et la conduite d’une formation à tenir ce rôle seront centrales dans ce dispositif. Il ne s’agit pas seulement de former l’encadrement, il est indispensable de lui confier une mission. La formation n’est qu’un moyen au service de cette mission.

Une élaboration collective des modalités d’actions

Un travail collectif doit permettre de préciser la contribution de chacun à un double objectif : assurer le bon fonctionnement de l’entreprise et contribuer à créer les conditions pour que chacun adopte un comportement de consommation modérée et que les malades alcooliques puissent décider de se soigner.

 

Déroulement

Basée sur les principes précédents notre action se déroule selon le schéma suivant :

Le diagnostic

Il s’agit d’appréhender les rapports de la collectivité de travail avec la consommation de produit, les facteurs exogènes et endogènes à prendre en compte, l’historique des actions conduites (ou non), d’apprécier la sensibilité et l’engagement des acteurs par rapport à un projet d’action de prévention.

La construction d’une démarche de prévention

Sur la base des éléments recueillis lors du diagnostic, présentés aux acteurs, nous proposons à la direction de l’entreprise de clairement s’engager dans une politique raisonnée de prévention, dont elle veillera à ce qu’elle soit claire et connue de tous. Cet engagement est la pierre angulaire de tout ce système. Seul cet engagement sur les finalités et les moyens de l’action permettra aux autres acteurs de trouver et tenir leur place.

La définition des rôles

Pour être en mesure de substituer à des réactions de défense isolées, des actes de management clairement finalisés, l’entreprise doit être en mesure de fixer des finalités partageables par tous, et de donner des moyens appropriés à chacun des acteurs (direction, encadrement, managers, acteurs de la prévention, CHSCT, médecin du travail, etc.)
Le rôle tenu par chacun est défini clairement comme relevant d’actes professionnels et non de dévouements individuels.

La formation

Parmi les moyens nécessaires la formation des acteurs et particulièrement du management à tenir ce rôle spécifique est incontournable. Le management doit connaître les finalités de l’action, assumer son rôle et respecter celui des autres et donc disposer des savoirs et savoir-faire nécessaires.

La sensibilisation du personnel

L’alcool fait partie de la culture française depuis des millénaires ; Chacun pense savoir beaucoup de choses à ce sujet. En réalité ce pseudo savoir est fondé sur nombre de mythes qui, pour beaucoup, ont pour finalité de permettre la poursuite de la consommation. Il est important de faire le point la part de vérité et la part du mythe, afin de permettre à chacun de mieux apprécier où il en est de sa propre consommation mais aussi de sa participation aux phénomènes collectifs d’incitation à la consommation.

Une évaluation qualitative adaptée au contexte doit être mise en place afin de permettre une identification des ajustements à faire et une évolution perpétuelle du plan de prévention.